Dernière mise à jour le juin 9, 2021
L’intérêt pour le calcul et la comparaison des chiffres du PIB ne se limite pas au domaine de l’investissement professionnel. Il s’agit également d’un outil indispensable pour l’élite politique et économique. Le PIB mesure la valeur marchande combinée de tous les biens et services finaux produits dans une région. Toutefois, la somme totale est toujours moins intéressante que ses variations. L’utilisation la plus courante du PIB consiste à exprimer son évolution en pourcentage par rapport à la période précédente. La direction et l’ampleur de cette variation sont généralement au centre de l’analyse.
De nombreuses institutions établissent des prévisions du PIB. Leur fréquence peut aller de un à trois ans. En général, ce sont les services statistiques nationaux officiels qui ont le dernier mot. Les chiffres figurant dans leurs rapports sont toujours ceux qui sont cités comme des faits. Alors que les marchés semblent plus intéressés par les prévisions que par les faits, les organismes gouvernementaux, et notamment les banques centrales, accordent une grande importance à ces rapports lorsqu’ils modélisent leurs propres attentes. Ces attentes constituent la base de la politique fiscale et du budget du gouvernement.
Vous pourriez aussi apprécier :
- Les indicateurs avancés et retardés – Que sont-ils ? Exemples et définition
- La lecture de bande et son fonctionnement
Les prévisions du gouvernement contre celles des banques centrales
Le gouvernement établit ses propres projections. Celles-ci comprennent les changements potentiels de la fiscalité et des dépenses publiques, qui ont tous deux une incidence directe sur le PIB. Par rapport aux gouvernements, les projections des banques centrales sont généralement moins motivées politiquement. C’est pourquoi il est utile d’examiner de près comment et pourquoi elles diffèrent lorsqu’elles le font. Les organisations internationales sont moins au fait de la politique économique des différents pays. En revanche, elles ont une perspective globale sur les flux de marchandises et de capitaux. Ces deux facteurs ont un effet au moins aussi important sur le PIB que la politique gouvernementale, et souvent même plus important.
Les différentes méthodes et organisations décrites ci-dessus montrent à quel point l’application du PIB est diverse. En fonction des actifs ou des entreprises dans lesquels un investisseur donné a des intérêts, il peut trouver certaines de ces projections plus significatives que d’autres.
Comment les prévisions du PIB impactent le marché Forex
Sur les marchés des devises et des changes, les banques centrales sont définitivement au centre de l’attention des traders. Ces banques déterminent les taux d’intérêt de base pour les différentes devises, ce qui affecte directement leur valeur relative par rapport aux autres devises. En théorie, elles sont indépendantes des gouvernements des États. Cependant, dans la réalité, elles font face à une pression politique croissante. Par le passé, les présidents ont souvent tenté d’influencer la Fed. Le président Trump, par exemple, a exprimé à plusieurs reprises sa désapprobation quant à leurs hausses répétées des taux d’intérêt. Le renforcement constant du dollar américain combiné à la hausse des taux d’intérêt des entreprises et des particuliers va à l’encontre des objectifs de politique économique du président.
Il convient également de mentionner que les projections de la Fed en matière de croissance économique se sont révélées moins que précises. Cela est dû partiellement aux effets économiques mondiaux des hausses inattendues des tarifs douaniers. Maintenant que la croissance du PIB a ralenti, la Fed a moins de raisons de continuer à augmenter le taux de base. En outre, la Fed pourrait envisager de se tourner plutôt lentement vers des programmes qui augmentent les liquidités. Même si la Fed est quelque peu unique par rapport à la plupart des banques centrales, elle sert toujours le même objectif fondamental. Cet objectif est de maintenir la stabilité de la monnaie du pays plutôt que de soutenir la politique économique de l’administration actuelle.
L’effet des prévisions du PIB sur les sociétés cotées en bourse
Les sociétés cotées en bourse contribuent généralement pour une part importante au PIB. Il n’est donc pas surprenant que la moindre mention d’un ralentissement de la croissance du PIB suffise à rendre les traders boursiers nerveux. Le résultat du rapport flash du 4ème trimestre 2018 a été que les entreprises ont abaissé leurs prévisions de revenus pour 2019 de 1 % par rapport à l’année précédente. Cela ne signifie pas nécessairement que le PIB du pays diminuerait lui aussi de 1 %. Cependant, cela indique fortement la direction réelle probable qu’il prendra. Plus une économie est fermée, plus les effets de la politique gouvernementale sur les performances des entreprises qui y opèrent sont importants. En se basant sur cette logique, on peut dire sans risque de se tromper que les projections du PIB du gouvernement devraient être le principal centre d’attention de ceux étudiant le marché boursier.
Lorsque le gouvernement prévoit une augmentation notable, il s’agit généralement d’un indicateur puissant qui suggère que les prix des actions vont augmenter. En revanche, des projections à la baisse peuvent facilement signaler le contraire. L’Union européenne en est un bon exemple. La Commission européenne s’attendait à ce que le PIB augmente de 1,9 % en novembre 2018. Ils ont abaissé leurs attentes à 1,2 % en février 2019. Résultat, les indices boursiers européens ont immédiatement chuté et ont clôturé sur une baisse de 3 % le jour de l’annonce. Le cours de l’euro, en revanche, n’a pratiquement pas été affecté par l’annonce.
Lorsqu’il s’agit de décider quelles statistiques d’une institution il faut croire, il n’y a pas de réponse unique qui convienne à toutes les tailles. Il ne s’agit pas tant d’une question de crédibilité que de savoir où se situent les intérêts de chaque acteur du marché.